DES COOPÉRATIONS ASSOCIATIVES, SCIENTIFIQUES, ARTISTIQUES

AVEC L’ASSOCIATION LES LASSES MARENNAISES DE BOURCEFRANC-LE-CHAPUS (CHANTIER RABEAU)

Patrick Beaulieu. Guérisseurs d’épaves (série), impressions numériques, 2019

L’équipe de restaurateurs de lasses marennaises accompagne depuis début 2018 le projet de Patrick Beaulieu et met tout en œuvre pour faire « naviguer » ses œuvres. Patrick Beaulieu les nomme les guérisseurs d’épaves.

C’est à Marennes au centre du Bassin Marennes Oléron que s’est constituée l’association des lasses marennaises, en 1996.  Cette décisive collaboration avec Patrick Beaulieu contribue dans le cadre du projet îles jardins îles paradis à la métamorphose de trois cabines de chaland, une cabine de chalutier et deux lasses, en œuvres visuelles et sonores qui seront installées sur les rivages ou prendront la mer. Les embarcations pulseront de lumière et de son, réagissant aux brises et bourrasques du vent lors d’une série d’actions de Patrick Beaulieu sur les îles ou sur le littoral.

L’association réunit des passionnés de voiles traditionnelles et d’histoire locale, certains possédant déjà une lasse à voile, ont souhaité, par cette association, faire partager leur passion. Ses objectifs sont de restaurer et entretenir des bateaux dans le respect des traditions et de les faire naviguer. Présidée par Jean-Pierre Angibaud, elle s’efforce de maintenir le patrimoine et de faire revivre l’histoire ostréicole de la région à travers le bateau le plus représentatif d’une époque : la lasse à voiles. L’association rassemble aujourd’hui plus de 100 membres et bienfaiteurs. Un charpentier de marine, membre important de l’association, apporte toute son expérience et guide les bénévoles pour la réalisation des travaux dans le respect des traditions. Elle collabore avec le lycée de la Mer et du Littoral et le centre intercommunal d’action sociale pour valoriser l’histoire du métier d’ostréiculteur et de pêcheur au travers des matériels navigants. Elle associe à sa démarche, pour mieux la mettre en perspective, le travail avec des artistes et concourt à l’animation du territoire. Elle est membre de l’association Patrimoine Navigant en Charente Maritime (PNCM). Elle est une des ambassadrices du Pays Marennes-Oléron. Depuis 2008, la commune de Bourcefranc-le-Chapus lui confie l’exploitation du chantier Rabeau, qui reprend ainsi vie dans sa mission originelle où les bénévoles assurent l’entretien des bateaux dans les règles de l’art et le respect de l’environnement, sur la plage du vieux Chapus.

AVEC LES CHERCHEURS DU LIENSS (UNITÉ MIXTE DE RECHERCHE CNRS DE L’UNIVERSITÉ DE LA ROCHELLE)

Patrick Beaulieu. Maumusson, image extraite de l’installation vidéo, écran 1, 2019

Eric Chaumillon, océanographe en dynamique physique du littoral de l’Unité de recherche LIENSs, observe et analyse les accumulations de sédiments sous-marins, l’érosion du littoral et des fonds marins ainsi que les contaminants chimiques chroniques (pesticides) qui polluent rivières et océans. Invité à bord du navire-laboratoire Haliotis de la flotte océanographique française, aux côtés des chercheurs sondeurs de dunes, Patrick Beaulieu a appréhendé comment avec des sonars interférométriques et des sondeurs de sédiments ces chercheurs explorent les fonds marins pour découvrir l’impact de ces déplacements perpétuels des sédiments subaquatiques sur l’écologie de la région.

Cette mouvance des dunes sous-marines influe notamment sur la déviation des courants, agissant par conséquent directement sur les phénomènes d’effritement du littoral, de rehaussement du niveau de la mer et d’intensification de tempêtes.

A partir d’imageries numériques des fonds marins du pertuis de Maumusson provenant du LIENSs (Thibault Coulombier ingénieur océanographe) et d’une séquence vidéo de remblayage du littoral de l’île d’Aix, Patrick crée une installation vidéo en diptyque intitulée Maumusson.

AVEC L’ECOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ART DE LIMOGES

Vingt-trois étudiants en art, design et création de l’ENSA-Limoges, école spécialisée dans la céramique, ont été conviés à rencontrer les artistes et des habitants de l’île d’Aix, pour conduire des explorations créatives dans le paysage au cours de trois séjours en novembre 2018, janvier et en mai 2019.

Cet atelier Terre insulaire ouvre sur des créations de céramiques imaginées par ces étudiants de seconde et quatrième année. Le produit de leurs recherches est présenté in situ dans l’île avec le concours des habitants le 17 mai 2019. Dans le cadre de ce rapprochement avec l’ENSA-Limoges, Gilles Clément et Patrick Beaulieu ont conçu deux pièces en porcelaine en collaboration avec deux groupes d’étudiants.

Terre insulaire

Projets en céramique des étudiants de 2e et 4e année Design de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art et de Design de Limoges* présentés in situ le 17 mai et exposés au Fort Liédot du 28 juin au 30 septembre 2019.

Ciel d’Aix
Violène Dodeux, Marjorie Tirollois, Kloé Doutremer, Lise Carcaud, Noé Brechet
Donner un bout de ciel, le chercher dans le sable, considérer le temps dans sa mesure et dans ses couleurs. Une offrande faite aux promeneurs des bords de mer…

Cuisson festive
Jean Ramon, Léa Martin, Maxime Demery, Song Eui Lee
Un projet participatif qui porte la volonté de réactiver le procédé ancestral consistant à fabriquer ses propres objets à partir de la terre puisée et cuite in situ. Les habitants sont les acteurs majeurs des créations de cette « cuisson festive ».

Mythes et légendes
Jean Savard, Béatrice Delaunay, Kloé Strauchmann, Iseline Calieno
Réinventer des histoires, contredire les croyances dont témoignent les objets et offrir la possibilité d’en recréer de nouvelles : un trésor enfoui, une céramique qui flotte, une céramique qui s’effrite, se casse…

Les glaneurs
Antoine Lomenech, Perrine Azevedo, Louise Ferri
Le geste, à distance du dessin, consiste à puiser et refabriquer la forme des objets de table à partir d’un vocabulaire formel extrait des pierres de l’île : carafe, bol, assiette…

Les Aix’perts
Manon Papin, Gaële Dubois, Théva Blanc, Yaxian Li
Création d’une panoplie d’objets qui déplacent les limites de la perception : isoler le bruit de la mer, montrer sa pollution, la possible disparition de l’île, mesurer l’âge des coquillages, donner une note de musique pour chaque direction du vent, mesurer la netteté d’un horizon…

* L’atelier Terre insulaire a été conduit par Nathanaël Abeille, Indiana Collet-Barquero et Guy Meynard. L’ENSA-Limoges est dirigée par Jeanne Gailhoustet.

AVEC LE CENTRE INTERMONDES

Espace international de résidence artistique au carrefour des îles du monde entier et du littoral Charentais, le Centre Intermondes à La Rochelle est dédié à la création contemporaine sous toutes ses formes (plastiques, numériques, musicales, littéraires…). Il accueille des artistes francophones venus de toutes les latitudes. Depuis avril 2019, Patrick Beaulieu est en résidence de création dans le cadre du projet îles jardins îles paradis.

AVEC LES EDITIONS ATLANTIQUES / L’ACTUALITE NOUVELLE-AQUITAINE

Étroitement liée aux activités de l’Espace Mendes France à Poitiers et à la revue L’Actualité Nouvelle-Aquitaine, les éditions Atlantiques attachées aux publications de nature scientifique et culturelle publient cet été le Jeu des 7 familles des plantes de l’île d’Aix, l’île Madame, L’île de Ré et l’île d’Oléron dessiné par Thérèse Rautureau et conçu avec Michel Rautureau. Les auteurs vivent sur l’île d’Aix.

Thérèse Rautureau. Panicault maritime. Eryngium maritimum, 2018

LES CARNETS DU PAYSAGE – ÎLES EN PROJET. « Îles jardins îles paradis » : île d’Aix et île Madame. Entretien de Dominique Truco avec Patrick Beaulieu et Gilles Clément

Éditions Actes Sud et L’École Nationale Supérieure du Paysage, Arles et Versailles, France, 2019, 240p.
ISBN 978-2-330-12014-6

EXTRAITS DE L’ENTRETIEN

« […] Depuis janvier 2018, l’île d’Aix et l’île Madame sont les territoires d’attention, de réflexion et d’immersion de deux artistes du vivant qui déjouent naturellement les clivages entre nature et culture : l’ »aquapoète » plasticien québécois Patrick Beaulieu et le jardinier écrivain Gilles Clément. Conviés dans le cadre du projet Îles jardins îles paradis reliant art, écologie et poétique du vivant, Patrick Beaulieu et Gilles Clément restitueront leurs perceptions de ces deux îles lors d’expositions multi-sites et buissonnières au cours de l’été et de l’automne 2019. Mais comment approchent-ils ces deux terres rares de l’archipel charentais? Comment se découvre une île? »
– Dominique Truco, « Îles jardins îles paradis » : île d’Aix et île Madame. Entretien avec Patrick Beaulieu et Gilles Clément.

[…]

« Le point de départ de ma réflexion dans le contexte de Îles jardins îles paradis est l’évanescence, cette présence simultanée de la matière et de l’immatériel, ce qui apparaît et disparaît. C’est à la fois la marée haute et la marée basse, l’eau et la terre, le liquide et le solide, le visible et l’invisible. L’estran mouvant, la respiration de la mer, l’effritement du littoral sont donc des phénomènes, voire des atmosphères, qui ont nourri les premières recherches dans ces îles jardins. Cela m’a amené à marcher sur le littoral, un pied dans le sable et l’autre dans l’eau, aux abords de Port-des-Barques, sur la Passe-aux- bœufs jusqu’à l’île Madame, et sur les côtes de l’île d’Aix, en observant ces fragments de paysage qui s’offrent à voir avant de s’estomper et de disparaître avec le passage d’un brouillard ou l’enveloppement par la mer. Dans cet environnement, tout le cycle et le rythme de la vie est relié aux allers et aux retours, aux inspirations de la marée haute (vives eaux) et aux expirations de la marée basse (mortes eaux). Les fluctuations de l’Atlantique et de la Charente, tantôt subtiles et tantôt tempétueuses, ont un affect, une influence indéniable sur les riverains et les insulaires. Au gré des rencontres, plusieurs m’ont transmis leurs connaissances de la mer et partagé certains des secrets qu’elle porte en elle. »
– Patrick Beaulieu dans « Îles jardins îles paradis » : île d’Aix et île Madame. Entretien avec Patrick Beaulieu et Gilles Clément, de Dominique Truco.

[…]

« Par définition, le jardin signifie enclos. Une île est un jardin. L’île d’Aix est une petite île. On peut en faire le tour à pied ou à vélo. Les limites de l’île sont les limites de l’enclos. Mais il ne faudrait pas imaginer que cet enclos a comme périmètre celui de la marée haute où nous marchons. Il est plutôt celui de la marée basse. La plus basse qui soit. L’estran, c’est pour moi le jardin en mouvement de l’île. C’est l’espace entre la marée haute et la marée basse. Car c’est là que, d’une année sur l’autre, les choses changent de manière plus évidente, à la fois naturellement et de par la gestion humaine (parce qu’on y fait de l’ostréiculture). »
 Gilles Clément dans « Îles jardins îles paradis » : île d’Aix et île Madame. Entretien avec Patrick Beaulieu et Gilles Clément, de Dominique Truco.

Événements satellites : projets réalisés autour et à l’intérieur de « îles jardins îles paradis »

Terre insulaire / du 28 juin au 30 septembre 2019

Projets en céramique des étudiants de 2e et 4e année Design de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art et de Design de Limoges* présentés in situ le 17 mai et exposés au Fort Liédot du 28 juin au 30 septembre 2019.

Ciel d’Aix
Violène Dodeux, Marjorie Tirollois, Kloé Doutremer, Lise Carcaud, Noé Brechet
Donner un bout de ciel, le chercher dans le sable, considérer le temps dans sa mesure et dans ses couleurs. Une offrande faite aux promeneurs des bords de mer…

Cuisson festive
Jean Ramon, Léa Martin, Maxime Demery, Song Eui Lee
Un projet participatif qui porte la volonté de réactiver le procédé ancestral consistant à fabriquer ses propres objets à partir de la terre puisée et cuite in situ. Les habitants sont les acteurs majeurs des créations de cette « cuisson festive ».

Mythes et légendes
Jean Savard, Béatrice Delaunay, Kloé Strauchmann, Iseline Calieno
Réinventer des histoires, contredire les croyances dont témoignent les objets et offrir la possibilité d’en recréer de nouvelles : un trésor enfoui, une céramique qui flotte, une céramique qui s’effrite, se casse…

Les glaneurs
Antoine Lomenech, Perrine Azevedo, Louise Ferri
Le geste, à distance du dessin, consiste à puiser et refabriquer la forme des objets de table à partir d’un vocabulaire formel extrait des pierres de l’île : carafe, bol, assiette…

Les Aix’perts
Manon Papin, Gaële Dubois, Théva Blanc, Yaxian Li
Création d’une panoplie d’objets qui déplacent les limites de la perception : isoler le bruit de la mer, montrer sa pollution, la possible disparition de l’île, mesurer l’âge des coquillages, donner une note de musique pour chaque direction du vent, mesurer la netteté d’un horizon…

* L’atelier Terre insulaire a été conduit par Nathanaël Abeille, Indiana Collet-Barquero et Guy Meynard. L’ENSA-Limoges est dirigée par Jeanne Gailhoustet.

Invitation à la restitution par itinérance des projets des étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Art de Limoges / 17 mai 2019

Atelier de création initié dans le cadre du projet «Îles jardins îles paradis» dans l’île d’Aix et l’île Madame avec Patrick BEAULIEU et Gilles CLÉMENT par Dominique TRUCO (directrice artistique du projet), Jeanne GAILHOUSTET (Directrice de l’École Nationale Supérieure d’Art de Limoges), Bruno TOISON ( Président de CIEL- culture îles estuaire littoral), Monsieur Alain BURNET (maire de l’île d’Aix), et Nathanaël ABEILLE (enseignant à l’École Nationale Supérieure d’Art de Limoges), et réalisé par les étudiants de 2ème et 4ème années Design.

îles jardins îles paradis. île d’Aix, île Madame, Patrick Beaulieu, Gilles Clément : deux îles, deux artistes pour relier art, écologie et poétique du vivant

Il y a un siècle et demi, l’écrivain Henry David Thoreau érigeait la marche contemplative comme moyen privilégié pour se refonder, reprendre ses sens par l’immersion dans la nature et renouer les liens avec les êtres naturels.

C’était pour ce précurseur de la pensée écologique, une expérience quotidienne essentielle à sa liberté, à sa santé : « cette vie, écrivait-il, requiert de s’initier aux savoirs de la nature et de gouter à sa saveur ».

C’est pour plonger dans le vivant, se revivifier, échapper aux pannes de civilisation que quelques milliers d’amoureux de la nature migrent discrètement ailleurs… et notamment vers les deux infimes îles de l’archipel charentais (France) : l’île d’Aix et l’île Madame.

On accoste uniquement par bateau sur l’île d’Aix et c’est à pied ou à bicyclette que se découvre le petit croissant de terre, ce jardin en mouvement d’à peine 129 hectares où vivent 252 habitants.

Deux fois plus petite, l’île Madame est une terre en culture biologique accessible uniquement à marée basse, reliée au continent et à la commune de Port-des-Barques par un tombolo évanescent appelé la Passe aux bœufs.

Forteresses avancées de la Corderie royale de Rochefort sous Colbert et Napoléon pour protéger l’embouchure de la Charente ces deux terres rares sont aujourd’hui protégées par le Conservatoire du Littoral et classées « Sites naturels remarquables ». 

Depuis janvier 2018, l’île d’Aix et l’île Madame sont les territoires d’attention, de réflexion, d’immersion et d’aixplorations géo-poétiques de deux artistes engagés dans un flux vital. Deux êtres de pensées vagabondes qui conjuguent, dans leur vie et dans leur art, recherche et création, nature et culture : le jardinier-paysagiste- philosophe Gilles Clément et l’aquapoète-plasticien-transfrontière Patrick Beaulieu

Ils ont pris la mer, accosté, marché, observé les paysages, saisi la plénitude et la diversité vivante de ces deux terres rares tout autant que leurs fragilités.

Des rencontres, dialogues, collaborations se sont engagés en profondeur et dans la durée avec des acteurs de ces territoires, ceux qui vivent et travaillent là : résidents permanents ou temporaires, passionnés de botanique, ostréiculteurs, marins, jardiniers, restaurateurs d’embarcations, pédologues, paléontologues, étudiants de l’ENSAD-Limoges, artistes, chercheurs en géologie sous-marine du LIENSs Université de La Rochelle-CNRS, géographes, ingénieurs, compositeurs, etc.

Entre janvier 2018 et avril 2019, les deux artistes ont présenté leurs démarches artistiques, livré l’évolution de leurs approches des deux îles aux cours de sept conférences-rencontres. Ils ont créé des liens : ont apprivoisé et ont été apprivoisés.

Les fruits de ces liens créatifs et la richesse des regards sur ces îles jardins de Gilles Clément et de Patrick Beaulieu sont restitués, du 29 juin au 30 septembre 2019, dans une exposition fédératrice, multi-site, buissonnière et océanique reliant art, écologie et poétique du vivant.

Leurs œuvres et les collaborations d’artistes associés Olivier Boé, Thérèse Rautureau, Pierre-Luc Sénécal, Hernani Villasenor, s’offrent avec justesse aux promeneurs dans les paysages de l’île d’Aix et de l’île Madame, en bordure de chemins, plages, dans des baies, dans les deux forts des deux îles et jusqu’à à la Fontaine Royale de Lupin à Saint-Nazaire-sur-Charente. 

Elles sont partages de connaissances, d’étonnements, de possibles, sources de renouvellements et de résilience.

Immense merci à Patrick Beaulieu et Gilles Clément pour leur vision du monde cultivant le meilleur ici comme ailleurs sur cette « Terre, petite île perdue dans le cosmos » dont nous devons être, plus que jamais, les passagers-jardiniers-jardinières.

Dominique Truco
Directrice artistique
îles jardins îles paradis

Découvrir le parcours inaugural multisite, buissonnier et océanique en présence des artistes.

Gilles Clément. Île d’Aix, île jardin. Projets jardinage, énergie et savoir. Carte de l’Île d’Aix, 2019

Emplacements des oeuvres et horaires

Sur l’île d’Aix, au fort Liedot, tous les jours sauf vendredi de 12h à 17h30.
Sur l’île Madame, au fort, horaires des visites en fonction des marées.
Dans le paysage de Port-des-Barques, plage des Anses, front de mer et à Saint-Nazaire-sur-Charentes, Fontaine Royale de Lupin.

Découvrir le parcours inaugural multisite, buissonnier et océanique en présence des artistes.

LES CARNETS DU PAYSAGE – ÎLES EN PROJET. « Îles jardins îles paradis » : île d’Aix et île Madame. Entretien de Dominique Truco avec Patrick Beaulieu et Gilles Clément

Éditions Actes Sud et L’École Nationale Supérieure du Paysage, Arles et Versailles, France, 2019, 240p.
ISBN 978-2-330-12014-6

EXTRAITS DE L’ENTRETIEN

« […] Depuis janvier 2018, l’île d’Aix et l’île Madame sont les territoires d’attention, de réflexion et d’immersion de deux artistes du vivant qui déjouent naturellement les clivages entre nature et culture : l’ »aquapoète » plasticien québécois Patrick Beaulieu et le jardinier écrivain Gilles Clément. Conviés dans le cadre du projet Îles jardins îles paradis reliant art, écologie et poétique du vivant, Patrick Beaulieu et Gilles Clément restitueront leurs perceptions de ces deux îles lors d’expositions multi-sites et buissonnières au cours de l’été et de l’automne 2019. Mais comment approchent-ils ces deux terres rares de l’archipel charentais? Comment se découvre une île? »
– Dominique Truco, « Îles jardins îles paradis » : île d’Aix et île Madame. Entretien avec Patrick Beaulieu et Gilles Clément.

[…]

« Le point de départ de ma réflexion dans le contexte de Îles jardins îles paradis est l’évanescence, cette présence simultanée de la matière et de l’immatériel, ce qui apparaît et disparaît. C’est à la fois la marée haute et la marée basse, l’eau et la terre, le liquide et le solide, le visible et l’invisible. L’estran mouvant, la respiration de la mer, l’effritement du littoral sont donc des phénomènes, voire des atmosphères, qui ont nourri les premières recherches dans ces îles jardins. Cela m’a amené à marcher sur le littoral, un pied dans le sable et l’autre dans l’eau, aux abords de Port-des-Barques, sur la Passe-aux- bœufs jusqu’à l’île Madame, et sur les côtes de l’île d’Aix, en observant ces fragments de paysage qui s’offrent à voir avant de s’estomper et de disparaître avec le passage d’un brouillard ou l’enveloppement par la mer. Dans cet environnement, tout le cycle et le rythme de la vie est relié aux allers et aux retours, aux inspirations de la marée haute (vives eaux) et aux expirations de la marée basse (mortes eaux). Les fluctuations de l’Atlantique et de la Charente, tantôt subtiles et tantôt tempétueuses, ont un affect, une influence indéniable sur les riverains et les insulaires. Au gré des rencontres, plusieurs m’ont transmis leurs connaissances de la mer et partagé certains des secrets qu’elle porte en elle. »
– Patrick Beaulieu dans « Îles jardins îles paradis » : île d’Aix et île Madame. Entretien avec Patrick Beaulieu et Gilles Clément, de Dominique Truco.

[…]

« Par définition, le jardin signifie enclos. Une île est un jardin. L’île d’Aix est une petite île. On peut en faire le tour à pied ou à vélo. Les limites de l’île sont les limites de l’enclos. Mais il ne faudrait pas imaginer que cet enclos a comme périmètre celui de la marée haute où nous marchons. Il est plutôt celui de la marée basse. La plus basse qui soit. L’estran, c’est pour moi le jardin en mouvement de l’île. C’est l’espace entre la marée haute et la marée basse. Car c’est là que, d’une année sur l’autre, les choses changent de manière plus évidente, à la fois naturellement et de par la gestion humaine (parce qu’on y fait de l’ostréiculture). »
Gilles Clément dans « Îles jardins îles paradis » : île d’Aix et île Madame. Entretien avec Patrick Beaulieu et Gilles Clément, de Dominique Truco.

Dominique Truco

Commissaire d’exposition, elle accompagne les recherches d’artistes et la production d’œuvres nouvelles depuis 32 ans. Directrice des arts visuels au Confort Moderne entre 1987 et 2000, en 2003 elle fonde et dirige jusqu’en 2015 la Biennale internationale d’art contemporain de Melle en région Nouvelle-Aquitaine qui réunira 160 artistes attachés à l’interdépendance du vivant. Artistes aux pratiques interdisciplinaires reliant éthique et esthétique et dont les recherches sont aux croisements des grands enjeux de société.

Parmi eux : James Turrell, Gilles Clément, Jacques Villeglé, Cristina Lucas, Kôichi Kurita, Chiaru Schiota, Fatima Mazmouz, Pierre Henry, Bill Viola, Tadashi Kawamata, Paul Virilio, Christina Kubish, Marie-Ange Guilleminot, Sylvain Soussan, Serge Pey, Bernard Heidsieck, Julien Blaine, Dominique Robin, Chiara Mulas, Florian de la Salle, Karine Bonneval, Olivier Darné, Thierry Fontaine, etc. Des artistes augmentateurs du bien commun, éveilleurs de consciences ouvrant de nouveaux chemins pour mieux habiter la Terre. Elle vit et travaille à Poitiers.

Mettre au jour l’invisible. Véronique Mure

L’Actualité Nouvelle-Aquitaine, N° 124, printemps 2019.

EXTRAIT DE L’ARTICLE

« L’île d’Aix, une île jardin, sur laquelle les biotopes littoraux, plages, biorécifs, mathes, prairies, friches armées, façonnent les paysages. Des paysages singuliers, comme jardinés par une main invisible. Poussent là les plantes les mieux adaptées aux sols et au climat insulaires. Résister à la sécheresse et à la chaleur estivales, s’accommoder des vents et des embruns, des substrats salés ou des rochers, fixer le sable sans être enseveli, sont autant de stratégies que les végétaux doivent mettre en œuvre pour s’accommoder de cet environnement […] »

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Thérèse Rautureau. Salicorne, Spergulaire, Aster.
Salicornia perennis, Spergularia marina, Aster trifolium, 2018